Bulletin n°10
Naissance de l'autodrome de Linas- Montlhéry
(suite 1)

L'esprit de compétition, le désir d'affirmer sa supériorité, a, de tout temps, été pour l'homme une préoccupation. Soit la confrontation d'individus les uns aux autres, soit pour montrer leur adresse à dominer les animaux, les engins : courses de chevaux, courses de chars, tournois, corridas...

L'invention de l'automobile a permis l'écriture d'un chapitre supplémentaire à l'histoire de la compétition.

A peine en était-on aux premiers balbutiements des moteurs à vapeur ou à essence, aux premiers tours de roues des "véhicules sans chevaux" que leurs "chauffeurs" manifestèrent le désir d'aller plus vite, d'aller plus loin que leurs confrères et concurrents. Des records furent établis qu'il fallait battre.

Des courses furent organisées qu'il fallait gagner pour faire la preuve de la valeur du pilote et de la machine.

Les premières compétitions.

Les premières épreuves furent disputées sur des parcours de ville à ville, sur des routes parfois pavées, le plus souvent empierrées, peu larges qui escaladaient collines et monts, plongeaient dans les vallées, avec des tournants parfois forts serrés, traversaient villes et villages avec un tracé souvent capricieux.

La difficulté était source d'excitation et d'envie de se montrer le meilleur.

Parmi ces premières courses, citons :

    • 11 et 12 juin 1895. Paris-Bordeaux-Paris, gagnée par une Panhard-Levassor à 2 places (1200 km en 48 h 42 mn).
    • 31 octobre 1896. Paris - Marseille, plus de 20 concurrents.
    • Ce fut encore une Panhard-Levassor qui triompha, suivie d'une Peugeot (toutes les deux équipées d'un moteur Daimler).

    Derrière elles, des voitures aux noms prestigieux, De Dion-Bouton, Delage, Léon Bollée, Amédée Bollée.

    * 29 mai 1898. Paris-Bordeaux (550 Km), départ de St Cloud, arrivée aux "4 pavillons", 8 km avant Bordeaux. Une corde tendue à 3 m du sol marquait la ligne d'arrivée. La traversée des villes avait été neutralisée. Les bolides devaient suivre des cyclistes roulant à 12 km/h.

    . 1er Fournier en 8 h 44'

    . 2ème Maurice Farman 9 h 14'

    . 3ème Voigt 9 h 49'

    On voit le progrès réalisé depuis 1895 : Levassor sur sa P.L. avait parcouru cette première partie du trajet en 22 h 25'

    * 26/29 juin 1902. Paris-Vienne (Autriche) en 3 étapes (plus la traversée de la Suisse neutralisée).

    Sur 137 engagés, partis de Champigny s/Marne le jeudi 26 juin, 96 arrivèrent à Belfort.

    . 1er Baron de Kniff 7 h 13'

    . 2ème Henri Farman 7 h 5'

    Le vendredi, la traversée de la Suisse permit aux coureurs de se détendre en admirant le paysage.

    Samedi, la course reprit en Autriche à Bregenz, mais les routes étaient médiocres (adieu les chaussées de France). Les voitures, après avoir montré leurs qualités de vitesse, durent faire la preuve de leurs qualités de robustesse.

    Le baron de Kniff abandonna, victime d'une faiblesse de différentiel, et ce fut le baron Forest qui arriva en tête à Salzbourg sur une voiture allemande, suivi de Farman et de Marcel Renault.

    Le dimanche 29, ils n'étaient plus que 17 en ligne. Le départ fut donné à 6 h 30 le matin et à 14 h 7', Marcel Renault, à la surprise de tous, sur une voiture légère, se présenta le premier sur le Prater, salué par l'ambassadeur de France. H.Farman était second sur Panhard-Levassor (grosse voiture). Les quatre premières voitures étaient des françaises, Mercédes occupait la 5ème place.

    Quant au baron de Forest, il avait rompu son réservoir d'eau au passage d'un caniveau à 2 km de l'arrivée et il avait terminé le parcours remorqué par une autre automobile, néanmoins dans un bon rang.

    Ce ne furent pas les seules épreuves des années 1900.

    Citons : Paris-Ostende

    Paris-Rouen

    Paris-Trouvile

    Paris-Toulouse-Paris

    Le succès de ces compétitions était si grand, la folie de la vitesse aidant, que l'on souhaita reculer les limites de l'exploit :

    "plus vite, plus loin..."

    En 1903 fut programmée la course Paris-Madrid en plusieurs étapes. La première devait conduire les participants de Versailles à Bordeaux en suivant un itinéraire déjà plusieurs fois parcouru.

    Hélas, tout au long du trajet les accidents se succèdèrent, dont quelques uns causèrent mort d'hommes.

    - A Coignières (12 km du départ) Terry sur Mercédes heurta un trottoir et sa voiture prit feu.

    - Peu avant d'arriver à Angoulême, Georges Richard heurta un arbre et brisa son véhicule.

    - A la sortie d'Angoulême, au passage d'un pont en dos d'âne, le mécanicien de Tourand, déséquilibré, s'accrocha au bras du conducteur. La voiture se jeta contre un arbre : le mécanicien et deux spectateurs furent tués. Tourand était indemne.

    - La liste n'était pas close : entre Poitiers et Ruffec, Marcel Renault suivait la Decauville de Théry et s'apprêtait à la dépasser. La poussière probablement lui déroba le drapeau agité par un officiel pour signaler un tournant dangereux. Renault le prit donc à vive allure. La roue arrière droite chassa, s'engagea dans un caniveau et se rompit. La voiture accrocha un arbre et fit un tête à queue expulsant chauffeur et mécanicien.

    Marcel Renault mourut deux jours plus tard à Poitiers. Il avait 32 ans.

    Il s'était lancé dans la construction automobile un peu par hasard. Son frère Louis, passionné de sport s'était construit une voiture de 1CV3/4 qui avait connu un succès immédiat. Plusieurs de ses amis lui avaient demandé d'en fabriquer pour eux.

    Louis décida ses frères Marcel et Fernand à s'associer à lui. Ce fut ainsi que naquirent à Billancourt en 1898 les Etablissements RENAULT.

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