Bulletin
n°62 : février 2021
PARCOURS DE LINOISE
Catherine CHEVRIER née Katarzina POKRYVKA
Quand je l'eus regardé labourer assez longtemps, je me demande pourquoi son histoire ne serait
pas écrite, quoique ce fût une histoire assez simple, aussi droite et aussi peu ornée que le sillon qu'il traçait avec sa charrue.
L'année prochaine, ce sillon sera comblé et couvert par un sillon nouveau. Ainsi s'imprime et disparaît la trace de la plupart des hommes dans le champ de l'humanité.
Un peu de terre l'efface, et les sillons que nous avons creusés se succèdent les uns aux autres comme les tombes dans le cimetière. Le sillon du laboureur ne vaut-il pas
celui de l'oisif, qui a pourtant un nom, un nom qui restera, si, par une singularité ou une absurdité quelconque, fait un peu de bruit dans le monde ?
Eh bien ! Arrachons, s'il se peut, au néant de l'oubli, le sillon de Germain. Il n'en saura rien et ne s'en inquiétera guère...
Voilà les premières lignes écrites par George Sand dans "La mare au diable" en parlant de Germain, le simple laboureur.
L'histoire de Catherine Chevrier fait partie de ces histoires de vies simples. Mais c'est aussi une histoire saisissante que nous avons découverte en nous plongeant
dans son passé tourmenté.
Juin 2019, Monsieur et Madame Lafit qui viennent d'acheter la maison au n°32, rue Saint-Merry à Linas contactent notre association pour nous faire part de trouvailles qu'ils
ont faites dans le grenier de la maison.
Des papiers qui pourraient peut-être nous intéresser !
Les vendeurs qui vivent dans l'Isère et qui sont les petits enfants de Catherine Chevrier, La dernière occupante de la maison ne souhaitent pas les récupérer.
Nous connaissions bien Catherine Chevrier. Son parcours de vie l'avait conduite à Linas le 25 mai 1941 dans le quartier Saint-Merry où elle vécut par la suite. Michel Marc
s'est rendu chez ces nouveaux Linois qui ont eu la bonne idée de nous contacter et que nous remercions. Il se trouve alors devant un gros volume de lettres (240) concernant
les membres de la famille Chevrier et plus particulièrement entre Roger et Catherine Chevrier. Plus de 120 lettres dont une cinquantaine de la grand-mère de Roger pendant
la période où il est mobilisé (le 1er novembre 1944). Et qui plus est une trentaine de lettres qui ne sont pas écrites en Français !
Restait à dépouiller cette correspondance.
Avec le témoignage de catherine Chevrier qu'elle nous avit confié lors d'un entretien accordé le 29 aoùt 2006, il nous est possible de retracer son parcours de vie et également
de dresser un tableau de son cadre de vie à Linas - celui des "légumiers de plein champ" - pendant les années de la seconde guerre mondiale.
A travers ce récit émouvant, c'est aussi un hommage que nous rendons à toutes ces personnes déracinées qui ont contribué à l'essor d'une agriculture florissante dans la région.
M. Petit
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